Après le Coup d'état du 18 août 2020 au Mali, la rédaction de Studio Tamani, le programme radio de la Fondation Hirondelle et de l'URTEL au Mali, évalue son action dans la couverture de ces événements. Martin Faye, Représentant de la Fondation Hirondelle au Mali, explique les défis et mesures prises pour permettre à la rédaction de faire son travail sur place, dans ce contexte explosif.
"Tout le monde en convient, dès qu’une crise éclate, les populations se tournent vers les médias pour savoir ce qui se passe exactement. Et dans ce domaine, la radio est la plus concernée, parce qu'elle est le média le plus immédiat, le plus rapide et aussi le plus émotionnel. En tous cas, le média vers lequel on se tourne en premier lieu lors d'une crise.
La Fondation Hirondelle est une organisation suisse créée en 1995, qui fournit de l’information à des populations confrontées à des crises, pour leur permettre d’agir dans leur vie quotidienne et citoyenne. Studio Tamani, créée en 2013 par la Fondation Hirondelle et l'URTEL (Union des radios et télévisions libres du Mali) diffuse chaque jour depuis Bamako un programme radiophonique, relayé actuellement par 85 radios partenaires réparties dans toutes les régions du Mali. La rédaction composée uniquement de jeunes journalistes maliens produit des journaux en 5 langues (bambara, tamashek, sonrhaï, français, poular), et traite également dans les magazines et les débats, des problématiques de ce pays en crise depuis près de dix ans.
Le feu couvait depuis plusieurs semaines et le coup d’état du 19 août est en quelque sorte le point d’orgue de mouvements de protestation contre le pouvoir en place. Dès le début, les leaders de la contestation ont réclamé sa démission du président Ibrahim Boubacar Keita.
A la Fondation Hirondelle, l’évaluation fait partie de la chaîne éditoriale. Studio Tamani a-t-il été neutre dans la couverture du coup d’Etat ? Simple observateur des faits relatés ? Le souci de l’intérêt des populations ? Vérifier toutes les informations auprès de toutes les sources disponibles et crédibles ? Etre présent sur le terrain malgré les risques de violence ?
Il faut bien le souligner : pour des raisons de sécurité, le personnel non essentiel a été prié de rentrer à la maison. Sur un effectif de 45 personnes tous services confondus, une dizaine de journalistes est restée pour assurer une édition spéciale en deux langues, français et bambara, de 17H à 19H. L’expérience des dernières semaines a montré que lorsqu'il y a une grosse manifestation, la capitale malienne est coupée en deux. Difficile, voire impossible de se rendre d’une rive à l’autre du Fleuve Djoliba qui coupe la ville en deux. Il faut donc anticiper sur ce blocage prévisible mais les journalistes qui rentrent à la maison doivent se rendre disponibles et contribuer à la production d’éléments à distance à la demande du rédacteur en chef. Une leçon apprise des mesures de contingence prises contre la Covid-19. Toute la rédaction est équipée pour réaliser une interview à distance, écrire un texte, monter un son et l’envoyer pour diffusion.
Ce dispositif a d’ailleurs été fort utile pour la Matinale spéciale du lendemain 19 août. C’est ainsi que la rédaction a réussi à traiter les événements survenus dans la nuit, surtout la déclaration à la télévision du Président IBK annonçant sa démission, et quelques heures plus tard la première proclamation des officiers, confirmant le coup d’état militaire.
La réactivité de Studio Tamani ne s’est pas limitée aux programmes radiophoniques. La dimension 2.0 a été prise en compte. Le site Web a fait l’objet de mises à jour régulières. Des posts ont été publiés sur la page Facebook et des tweets sur le fil Twitter de Studio Tamani au fur et à mesure que les informations étaient disponibles.
En fin de journée, le 18 août, une appréciation venant d’un internaute nous montrait que nous avions rempli notre mission : « Studio Tamani, l’information impartiale en temps réel".
Martin Faye, Représentant de la Fondation Hirondelle au Mali