Lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 avec le Quartet du Dialogue national en Tunisie, Mme Ouided Bouchamaoui a rejoint fin novembre 2017 le Conseil de la Fondation Hirondelle. Elle explique pourquoi, et partage son expérience de la contribution des médias au dialogue dans un contexte de crise.
Pour quelles raisons avez-vous accepté de rejoindre le Conseil de la Fondation Hirondelle ?
Cela m’a semblé évident lorsque j’ai assisté à la remise de prix de la Tolérance pour la Fondation (NDR : le Prix Fondation Ousseimi de la Tolérance a été remis à la Fondation Hirondelle à Genève en mars 2017). La Fondation Hirondelle est présente dans de nombreux pays en crise, ou en conflits, permettant aux populations de garder un contact avec les événements tant au niveau national qu’international. Le Dialogue est le mot d’ordre de la Fondation et comme vous le savez, c’est également le mien.
Quel rôle les médias ont-ils joué lors de la transition démocratique en Tunisie ?
Les médias, en relayant les avancées des travaux du dialogue national ont permis aux Tunisiens d’être informés régulièrement et objectivement. Les discussions n’étaient pas publiques mais les médias étaient présents. Ils interviewaient les intervenants à notre sortie de séances et pouvaient donc transmettre l’évolution du dialogue en temps réel. Ils ont tenu un rôle très important en diffusant l’information au public, en maintenant l’espoir d’une solution à la crise qui touchait la Tunisie.
Pourquoi l’accès à l’information est-il important pour des populations confrontées à des crises majeures ou des bouleversements profonds de la société ?
Il est évident que l’accès à l’information est primordial pour les populations en situation de crise. Cela leur permet d’entretenir le sentiment d’appartenance à leur nation car ils restent connectés aux nouvelles. Encore plus important, cela permet à des familles séparées en raison de conflits de rester en contact lorsque les communications ne peuvent être établies.
Quel rôle des organisations internationales comme la Fondation Hirondelle doivent-elles jouer selon vous dans de tels contextes et par rapport aux médias et journalistes locaux ?
Les organisations comme La Fondation Hirondelle doivent s’assurer de la neutralité des médias. C’est-à-dire informer, transmettre les informations au public en le laissant faire sa propre analyse sur la situation. Les journalistes locaux ne doivent pas influencer l’opinion publique et les ONG qui travaillent avec les médias peuvent être les garants de cette neutralité.