Elaborer et diffuser de l’information de qualité sans frais, accéder à une forte visibilité grâce à la pertinence (ou l’impertinence) du contenu, c’est possible. Ex-rédactrice en cheffe du Bondy Blog, Nassira el Moadem raconte l’aventure de cet outil déjà concurrencé par les réseaux sociaux.
Née à Romorantin-Lanthenay (Sologne), Nassira el Moadem est la troisième d’une fratrie de six frères et sœurs dans une famille ouvrière d’origine marocaine. Elle fait des études à Tours puis est admise à Sciences Po Grenoble en 2003 pour une période de quatre ans avec des centres d’intérêt pour le Proche- et le Moyen-Orient. Elle hésite pour une carrière diplomatique mais décroche le concours de l’ESJ à Lille dont elle sort diplômée en 2012.
Quelques années plus tôt, en 2008, Nassira el Moadem avait rejoint le Bondy Blog, un média créé en 2005 par le magazine suisse L’Hebdo dans l’écume de la crise des banlieues. Objectif : parler de la vie « de l’autre côté du périph », la banlieue (étymologiquement le lieu du ban, des bannis) à laquelle nul journaliste français alors ne semblait porter attention, du moins avant les violences. En 2005, la ville de Bondy (93), 53’000 habitants, n’a pas de journal, aucun organe ne reflète la vie sociale. Sans le faire exprès, le Bondy Blog répond à une attente et rencontre un succès d’abord local et régional et bientôt national et international. Le New York Times, Der Spiegel, Le Monde, The Guardian, les plus grands médias viendront à Bondy parler du Bondy Blog. Les hommes et femmes politiques français en campagne passeront tous aussi par la case Bondy, doté d’une émission TV diffusée sur France Ô. La banlieue est une réserve de votes, le blog donne écho national à ce passage « en banlieue ».
Tout en multipliant ses collaborations dans les médias français (i-télé Canal+, LCP, France Ô, France 2), Nassira el Moadem reste proche du Bondy Blog au cours de son parcours et en prend la direction et la rédaction en cheffe jusqu’en décembre 2018.
Nassira el Moadem est l’autrice du livre « Les Filles de Romorantin », (L’Iconoclaste, 2019)