Bilan mitigé à mi parcours des négociations sur la lutte contre le changement climatique à Bonn. L’objectif fixé pour cette 23ème édition de la COP est de définir les règles et les mécanismes de l’application des accords de Paris. A l’issue de cette première semaine, les observateurs sont unanimes. Les avancées sont timides. Certains évoquent même un manque de volonté concrète. L'analyse de Gildas Nabeza, journaliste de Radio Ndeke Luka en Centrafrique et envoyé spécial de la Fondation Hirondelle à la COP23 :
La semaine a été dominée par la conférence de Presse en fin de semaine dernière du groupe de négociation regroupant des grands pays émergents comme la Chine, l’Inde, l’Arabie saoudite et l’Iran qui comptent parmi les tout premiers émetteurs de GES (Gaz à Effet de Serre). Le délégué chinois Chen Zhihua a rappelé qu’en 2012, je cite "les pays développés ont accepté de revoir leurs objectifs de réductions d'émissions. Nous ne voyons guère de progrès, il y a un manque, pas uniquement sur les actions mais aussi sur le soutien aux pays en développement. Et de conclure "Si nous ne respectons pas les décisions prises, comment construire la confiance, et comment donner une bonne base à l'application de l'accord de Paris ?"
Ces poids lourds, suivis par le G77 regroupant les pays en voie de développement, ont appelé les pays industrialisés à renforcer leurs plans climatiques, honorer la dette historique et à annoncer clairement leurs contributions financières aux projets d’atténuation et d’adaptation avant même l’entrée en vigueur du Fonds vert en 2020. L’une des propositions est d’instaurer une révision de ces contributions tous les 5 ans. L’idée, lancée il y a deux ans à Paris lors de la COP21, avait été évincée au profit d’un « esprit non contraignant » des accords de Paris.
Les pays industrialisés craignent de leur côté une spirale négative et un retour en arrière qui ne colle pas avec la dynamique des accords de Paris qui avaient pourtant marqué un tournant dans l’engagement dans la lutte contre le changement climatique.
Mais sur un plan strictement diplomatique, l’échéance fixée à la COP24 qui se tiendra en Pologne l’année prochaine n’aide assurément pas à l’avancée des négociations. Personne ne souhaite abattre ses cartes si rapidement et profite des échéances encore lointaines pour faire monter la pression.
A partir de ce mercredi (15 novembre) les délégations se retirent pour laisser place aux politiques, ministres et chef d’Etats. Sont annoncés Angela Merkel, Emmanuel Macron, et des chefs d'Etats africains. Les Etats-Unis, à ce stade représentés par une équipe "discrète mais active" selon les négociateurs, enverront un diplomate, Tom Shannon.
Analyse à retrouver ici en vidéo :