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Pendant une émission en direct à Radio Ndeke Luka, Bangui. ©Fondation Hirondelle / Marc Ellison Pendant une émission en direct à Radio Ndeke Luka, Bangui.

Gestion du stress dans un contexte de crise : formation à Radio Ndeke Luka en Centrafrique

L’équipe de journalistes, techniciens et personnel administratif de Radio Ndeke Luka vient de bénéficier de deux semaines de conseil et formation en accompagnement post-traumatique et gestion du stress. Une première intervention de ce type organisée par la Fondation Hirondelle pour un de ses médias. Témoignage du formateur, Gabriel Cochet, psychologue.

Quels étaient les objectifs de la formation que vous venez d’animer pour l’équipe de Radio Ndeke Luka à Bangui ?
Le but de cette mission fut double : apporter un soutien psychologique aux salariés de la radio Ndeke Luka exposés à un contexte de violence de guerre, et leur offrir des outils concrets et adaptés au contexte afin de les aider à gérer leur stress de façon autonome.
Une formation destinée aux responsables d'équipes sur les techniques d'accueil du personnel ayant subis des incidents potentiellement traumatisant au travail fut aussi proposée. 

Comment avez-vous structuré votre intervention ?
J'ai constitué des groupes de paroles fondées sur un enseignement pédagogique des différents types de stress et de psychotraumatismes et qui favorisaient le partage d'expériences, de témoignages et de conseils adaptés au contexte socioculturel et aux difficultés liées à la profession de journaliste dans le pays. De plus, des exercices pratiques de modération du stress et facilement reproductibles ont été mené durant ces ateliers.
J'étais aussi disponible pour des consultations individuelles pour ceux qui souhaitaient approfondir certaines problématiques plus singulières et bénéficiers de conseils personnalisés.

Quelles ont été les réactions du personnel de la radio ?
Le personnel a semblé très satisfait de cette intervention. D'une part parce qu'elle traduit une véritable reconnaissance par la fondation des difficultés de leur travail dans un contexte instable et dangereux. D'autre part car elle leur a fourni des outils pour mieux comprendre les difficultés qui impactent leur vie professionnelle et privée, tout en apportant des réponses favorisant leur bien-être.
 
S’agissait-il pour vous d’une première expérience dans un contexte de ce type (pays en situation de conflit / personnel de média) ?
J'avais déjà travaillé en tant que « staff care » en RCA et dans d'autres pays en situation de crise humanitaire. Il me semble indispensable d'apporter un soutien psychologique auprès de professionnels exposés régulièrement à des violences de guerre.
Cela dit, je n'avais jamais exercé pour un personnel média auparavant et j'ai pris plaisir à travailler dans ce milieu professionnel.
Par ailleurs, je tiens à rendre hommage au formidable travail effectué par les équipes de Ndeke Luka.

Quels enseignements tirez-vous de cette expérience, en tant que psychologue ? Quelle a été votre ressenti sur la situation en Centrafrique et sur les traumatismes auxquels la population fait face ?  
C'est une expérience difficilement quantifiable tant sur le plan humain que professionnel. Pour peu que l'on reste humble et respectueux on peut en apprendre beaucoup sur soi-même. La République Centrafricaine est un pays d'une immense richesse, peuplée d'habitants d'une grande gentillesse mais marquées profondément par l'horreur de la guerre. J'ai été touché par leurs terribles histoires et leur dignité et je réitèrerais l'expérience avec plaisir si l'occasion m'en est donné.