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Aissatou Barry, journaliste guinéenne, en reportage à Agadez au Niger dans le cadre d'une formation régionale organisée par la Fondation Hirondelle en Août 2018. ©Fondation Hirondelle Aissatou Barry, journaliste guinéenne, en reportage à Agadez au Niger dans le cadre d'une formation régionale organisée par la Fondation Hirondelle en Août 2018.

Migrations : des journalistes d'Afrique de l'Ouest en reportage à Agadez

La Fondation Hirondelle a réuni à Niamey au mois d'Août des journalistes du Mali, du Niger et de Guinée pour une formation régionale. Ils ont produit ensemble des reportages sur la situation des migrants à Agadez. Une expérience enrichissante, dont témoigne Aissatou Barry, journaliste guinéenne.

Vous venez de vous rendre au Niger pour participer à une formation régionale organisée par la Fondation Hirondelle. Vous avez dans ce cadre réalisé des reportages à Agadez en équipe avec d’autres journalistes travaillant au Mali ou au Niger. Comment s’est déroulée cette expérience et que vous a-t-elle apporté professionnellement et personnellement ?
Pour moi c’était une odyssée humaine incroyable. J’ai énormément travaillé sur les questions migratoires en Guinée et avec cette aventure j’ai compris que ce n’est pas pareil, qu’il y avait pas mal d’aspect incompris. Le fait d’aller au cœur du carrefour de la migration qui est Agadez, de voir et de discuter avec des centaines de jeunes rapatriés déçus et brisés par les atrocités du désert, de vivre leur quotidien avec eux dans le centre de transit a été une belle expérience professionnelle et personnelle. Etre au cœur de l’action est un grand "plus" pour moi et ma carrière professionnelle. J'ai un regard très différent sur la migration dorénavant. Personnellement, entendre tous ces témoignages différents les uns des autres m’a rendu triste pour eux car ils rentrent marqués à vie.
 
Quels sujets et quels angles avez-vous choisi pour vos reportages ? Pourquoi ces choix, et comment répondent-ils aux attentes de la population en Guinée ?
L’idée du magazine pour moi était de parler de l’aspect humain de la migration, donc les principaux acteurs ne peuvent être que les migrants. Moi j’ai croisé les expériences et les témoignages. Lors de mes interviews j’ai compris que chaque migrant avait un aspect particulier par rapport a l’autre. Ainsi pendant la rédaction du magazine j’ai fait 4 papiers de contenus différents pour 4 langues (Français, Soussou, Maninka, Poular). Ces dernières années le centre de transit de l’OIM (Organisation Internationale des Migrations) à Agadez à accueilli plus de migrants guinéens que toutes les autres nationalités. Le fait d’écouter des témoignages de jeunes guinéens dans les langues nationales est un élément de réponse à ce phénomène. Car il s’agit de jeunes guinéens qui racontent leur calvaire du désert. Les jeunes candidats à la migration sauront ainsi dans une langue de proximité ce qui se passe dans le désert. C’est une aventure humaine que racontent ces magazines.

Quelle est actuellement la situation du paysage médiatique en Guinée ? Quels sont vos défis en tant que journaliste dans votre pays ?
On à des défis de formation, pour moi c’est d’ailleurs le plus grand et le plus important en Guinée. Notre corporation est composée de plusieurs personnes qui n’ont pas fait d’école de journalisme donc il y a énormément de bavures qui se font à longueur de journée à l’antenne. Même si de plus en plus il y a des sessions de formation pour des journalistes organisées par des ONG en vue d’améliorer les connaissances des hommes de médias, par exemple pour les couvertures électorales et surtout sur les notions de la responsabilité sociale du journaliste.

Quel est l’intérêt de développer des échanges à l’échelle régionale entre journalistes africains ? Ces échanges devraient-ils être plus réguliers selon vous et répondent-ils à des besoins d’information réels à l’échelle régionale pour les populations des pays concernés ?
Pour moi développer ces échanges entre journalistes africains va créer une véritable synergie sur des sujets communs comme la migration ou le changement climatique. Et cette synergie va répondre évidemment à des besoins d’information régionale qui permettront aux populations d’avoir une vision globale et approfondie des sujets. Il serait donc nécessaire et important de développer autant que possible ce type d’échanges.