La dernière campagne présidentielle aux Etats-Unis a montré à quel point le paysage médiatique évolue, en fonction des nouveaux besoins des utilisateur·rice·s des médias. Comment le journalisme d’information peut-il s’adapter à cette nouvelle donne, pour retrouver un large écho au bénéfice du public ?
Le 6 novembre dernier, le résultat de l’élection présidentielle aux Etats-Unis a une fois de plus surpris la plupart des médias d’information établis, et déçu la plupart des partisan·e·s d’un journalisme factuel, vérifié et sourcé, répondant aux grandes chartes déontologiques du métier. Au terme d’une campagne électorale qui s’est jouée davantage sur les réseaux sociaux, les vidéos d’influenceur·se·s et les plateformes de podcasts que sur les médias traditionnels, un candidat « anti-système » a remporté le suffrage populaire. Il a été élu en boudant la traditionnelle interview télévisuelle des candidat·e·s dans l’émission « 60 minutes » sur CBS, et en privilégiant sur les réseaux sociaux une expression réduite à des textes de 280 signes ou à des vidéos de 60 secondes. Plus qu’en 2016 encore, Donald Trump a su comprendre et s’adapter aux nouveaux besoins des utilisateurs des médias.
Depuis le début des années 2020 en effet, les réseaux sociaux sont devenus les principales voies d’accès à l’information en ligne, c’est-à-dire les médias dominants dans les pays occidentaux et émergents. Mais leurs utilisateur·rice·s y recherchent moins une information équilibrée qu’une information qui leur ressemble : ils s’orientent moins vers les contenus postés par les médias traditionnels que vers des vidéos de personnalités qui leur plaisent, et qu’ils peuvent rapidement partager avec leur communauté. L’information journalistique, pas toujours la plus agréable à consulter, reste une denrée appréciée car elle permet de connaître et de comprendre le monde, surtout dans sa dimension locale et internationale. Mais elle est devenue un besoin mineur des utilisateur·rice·s de médias, étourdi e·s par le grand flux des messages plus satisfaisants qui apparaissent chaque minute sur leurs écrans.
Dans les zones de crises ou de conflits, où l’accès à une information fiable est un besoin souvent plus vital qu’ailleurs, la situation n’est pas très différente. Les personnes qui s’y trouvent expriment trois principaux besoins médiatiques : pouvoir communiquer avec leurs proches, avoir accès localement à une information de confiance, et pouvoir s’orienter dans le grand chaos informationnel ambiant, rendu encore plus illisible par les batailles que s’y livrent également les belligérants. En mettant en regard ces différentes situations, ce numéro de Médiation propose d’analyser les besoins des utilisateur·rice·s dans des espaces informationnels mouvants, afin de trouver des voies pour que l’information journalistique puisse davantage leur parler. En vue de contribuer à protéger des populations en danger, à promouvoir la démocratie et à partager un monde commun dans des sociétés qui ont plus que jamais besoin de lien.
Cet extrait est tiré du 13ème numéro du Médiation nommé "S'adapter à l'évolution des besoins d'information", que vous trouverez attaché en haut de cet article.