Accompagner la réponse humanitaire d’urgence avec de l’information fiable et utile : C’est le but du projet de la Fondation Hirondelle au Pakistan créé en partenariat avec l’agence pakistanaise Tribal News Network et financé par le réseau humanitaire H2H Network. Retour sur les formations qui ont été dispensées dans quatre provinces largement affectées par les inondations de l’été 2022.
L’information humanitaire, la réduction du risque de catastrophe et le journalisme constructif. Voilà les principaux thèmes abordés dans le cadre de notre projet au Pakistan, financé par le réseau H2H Network, durant plusieurs formations mises en place avec Tribal News Network (TNN), notre partenaire sur place. Le but de ce projet est de permettre aux populations touchées par les inondations meurtrières qui ont frappé le Pakistan en 2022, d’avoir accès à des informations fiables dans le cadre de la réponse humanitaire d’urgence.
Ces formations ont été données dans 4 provinces du pays, le Balouchistan, le Khyber Pakhtunkhwa, le Penjab et le Sindh, et ont rassemblé près de 70 journalistes, principalement des correspondants·es des régions frappées par les inondations. Trois langues, l’anglais, l’ourdou et le pashto, ont été utilisées durant ces cycles de formations pour accompagner les participants·es.
Si tous les types de médias y étaient représentés (télévision, médias numériques), les journalistes radios ont constitué la part la plus importante des participants·es. Dans les crises humanitaires, la radio présente plusieurs avantages, comme sa facilité de diffusion et son accès pour les personnes analphabètes.
Plusieurs sujets étaient au programme de ces sessions de trois jours. Selon le formateur Aurangzaib Khan, le premier module des formations portait sur l’information humanitaire. « Nous avons abordé essentiellement les moyens et l'éthique de l’information humanitaire, mais aussi les standards Sphère, qui visent à ce que les organisations humanitaires soient ouvertes, responsables et transparentes quant aux besoins qu'elles peuvent satisfaire » explique t‘il.
« Une attention particulière a été accordée à la charte humanitaire, qui parle notamment de l’importance de la dignité, de faire la distinction entre les groupes armés et non armés, ainsi que du principe de non-refoulement » continue t’il. Pour exemplifier ces éléments et rendre tangible les besoins locaux, un·e travailleur·euse humanitaire ou un·e officiel·le du gouvernement était présent·e lorsque ces thématiques ont été abordées.
« Il semble que cette série de catastrophes ne s'arrête pas. Nous avons donc décidé d'intégrer la réduction des risques de catastrophes », Aurangzaib Khan.
Alors que le pays fait régulièrement face à des crises humanitaires et que les changements climatiques se font particulièrement ressentir au Pakistan, inclure l’approche Sendai de la réduction des risques de catastrophes dans cette session (Sendai Framework for Disaster Risk Reduction) a semblé primordial aux yeux des formateurs et formatrices.
« Il semble que cette série de catastrophes ne s'arrête pas. Nous avons donc décidé d'intégrer l’approche de la réduction des risques de catastrophes » explique Aurangzaib Khan, faisant référence au tremblement de terre qui a dévasté le pays en 2005, aux inondations de 2010 ainsi que des problèmes récurrents et les déplacements de populations à la frontière avec l’Afghanistan.
Ces modules ont été suivis d’un mentorat à travers la production de reportages. Il a été mis en place par les formateurs·ices. Selon Tayyeb Afridi de l'agence Tribal News Network, beaucoup des notions abordées étaient tout à fait nouvelles pour les participants·es. Mais l’intégration de ces éléments a été constatée dès le lancement de activités de production.
« Ils·Elles ont commencé à poser des questions comme : " Que pourrait-on faire pour réduire les risques dans une communauté ? ". Ils ont posé ces questions notamment aux administrations locales. Ce qui est à mes yeux un résultat très rapide » explique Tayyeb Afridi. Selon lui, cette approche de la réduction des risques de catastrophe et du journalisme constructif permet aussi d’adopter une manière positive d’informer, au lieu de mettre en avant des problèmes et des éléments négatifs.
Au-delà d’informer au moment de la crise, ces formations ont aussi permis à certains participants d’envisager une couverture de ces évènements sur un plus long terme. « Après la formation, les participants ont réalisé qu'il y avait un grand nombre de sujets à traiter » détaille le formateur.
Ainsi, certains sujets réalisés dans le cadre du suivi ont eu un impact direct sur des personnes affectées par les inondations. Tayyeb Afridi donne l’exemple du relogement de personnes dont la maison a été détruite par les inondations. La subvention du gouvernement ne permettait pas la reconstruction de leur maison. Ils ont pu bénéficier de l’initiative d’une association locale permettant un relogement abordable. Le traitement de cette actualité a permis de diffuser plus largement cette initiative et ainsi permettre à d’autres personnes sinistrées de retrouver un toit.