L’association des femmes journalistes au Burundi (AFJO) et plusieurs partenaires dont la Fondation Hirondelle ont mis en place le Prix Genre et Médias, qui récompense le travail de 5 journalistes autour des violences basées sur le genre. Notre directrice Caroline Vuillemin était à Bujumbura mi-mai pour la remise des trophées.
Mettre en lumière le travail journalistique qui traite des violences basées sur le genre au Burundi, c’est l’objectif du Prix Genre et Médias. Pour ce concours, un jury mandaté par l’Association des femmes journalistes au Burundi a sélectionné 5 productions médiatiques sur les 47 contributions reçues. Différents vecteurs d’information (radio, télévision, presse écrite et presse en ligne) constituaient les catégories de ce prix. Le concours s’inscrit dans le cadre du projet «Renforcer les médias burundais pour soutenir les processus de démocratisation, la réconciliation et l’Etat de droit». Les partenaires de ce projet sont l’Union européenne, le Ministère burundais de la Communication, des Technologies de l’Information et des Médias (MiniCOTIM), l’organisation néerlandaise La Benevolencija et la Fondation Hirondelle.
Nolis Nduwimana, de Radio Culture s’est démarqué dans la catégorie magazine radiophonique. Pour le reportage radiophonique, c’est Elisabeth Nsengiyumva, de la Radio Izere FM, a su convaincre le jury. Le prix du magazine TV a été remporté par Raïssa Liliane Inamahoro, engagée à la Radio TV Isanganiro. C’est une journaliste d’Iwacu, Clarisse Shaka, qui a été primée dans la catégorie presse écrite. Sur le web, c’est l’article du journaliste Pacifique Bukuru du média Jimbere qui s’est fait remarquer.
Notre directrice Caroline Vuillemin était membre du jury. Elle était aussi présente lors de la remise des distinctions, le 10 mai à Bujumbura.
Quel a été le rôle de la Fondation Hirondelle au sein de ce projet ?
Dans un premier temps, notre rôle a été plutôt financier au travers de l’organisation du prix, en soutenant l’AFJO. Les coûts résidaient principalement dans l’achat des prix (des ordinateurs portables ont été distribués aux lauréat·e·s) ainsi que dans le financement de la cérémonie. Des fonds que nous avons reçus de l’Union européenne. Le second rôle était de prendre part au jury.
Quel est l’impact espéré de ce projet sur le paysage médiatique Burundais ?
L’objectif était que les violences basées sur le genre soient davantage prises en compte dans les rédactions, plus systématiquement traitées par les journalistes et pas seulement autour de la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Il s’agit de porter une attention sur ce phénomène qui est divers dans ses implications et le vécu des victimes, mais qui est courant et quasi quotidien sur beaucoup d’aspects. Ce sujet ne doit pas être un tabou. Il doit s’inscrire dans des séances de rédaction et animer les débats régulièrement.
Quels sont les enjeux autour des violences basées sur le genre au Burundi ?
Ce que les médias peuvent faire, c’est de sensibiliser et proposer des réponses. Ce n’est pas notre rôle de changer la loi, prendre en charge les victimes ou modifier la loi coutumière. Mais le média, dans son rôle social, explique les enjeux, les met en avant et apporte des solutions. Pouvoir faire ce travail au plus proche des populations et dans leurs langues sont des éléments essentiels. C’est aussi une manière d’accompagner les femmes qui en sont victimes.
Quel est l’avenir de ce prix, est-il appelé à devenir un rendez-vous régulier au Burundi ?
Lors de la remise, une annonce a indiqué que le prix aura une édition 2023. La thématique portera cette fois sur les femmes en milieu rural et leur importance dans le développement. Nous ne savons pas encore à la Fondation Hirondelle si nous serons partenaires pour cette prochaine édition.
Quels ont été les réactions des lauréats par rapport à cette reconnaissance de leur travail ?
Il s’avère que deux lauréats ont aussi remporté un autre prix dans la même période. Il s’agit de Clarisse Shaka, dans le cadre de la journée du 3 mai. Nolis Nduwimana a aussi été primé à Brazzaville en février. Deux mois après, il gagne à nouveau une distinction. Ce qui est positif, c’est que des jurys différents, utilisant des critères qui font appel au professionnalisme, mais qui ne sont pas forcément identiques, saluent le travail de ces journalistes. Cela s’avère très encourageant pour le secteur burundais et autour du renouveau qui se fait sentir dans le pays au niveau médiatique.